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Channel: progressistes – Renart Léveillé
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Le Québec serait-il gardé en laisse par les gauchistes?

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Lu sur Le blogue de Richard3, concernant un texte de Mathieu Bock-Côté :

on apprend que l’élite québécoise a profité de la Révolution tranquille pour littéralement purger toute l’identité canadienne-française traditionnelle, afin de reconfigurer l’identité québécoise sur des valeurs qu’elle-même considérait siennes.  Et ainsi, depuis 50 ans, les québécois se font dicter par les élites ce que sont supposément ses propres valeurs (rejet du sexisme, du racisme et de l’homophobie, entre autres), le tout en projetant une image négative sur les valeurs plus anciennes, comme celles de la famille traditionnelle, les regroupant comme étant des valeurs conservatrices, associées au règne de Maurice Duplessis, le tout assimilé au mythe de la Grande noirceur.

Le premier gros bémol que j’ai sur ces propos, c’est la présomption que les gens ne seraient pas capables de décider par eux-mêmes, que les élites dictent et que le peuple se contente de suivre. Oui, les élites ont de l’influence, mais le chemin qu’à pris le Québec est-il si différent de celui des autres peuples occidentaux pendant les mêmes années? Pas tellement, on le voit. Nos valeurs auraient évolué de toute façon, peut-être plus lentement, peut-être différemment. Peut-être.

Si je regarde toute cette question de mon point de vue, familialement, je suis issu de deux personnes qui ont vécu la Révolution tranquille. Eux-mêmes ont grandi dans d’immenses familles, promues bien sûr par la mainmise de l’Église. Mon père est assez progressiste dans l’âme (il aime bien dire : « vivre et laisser vivre »), il ne m’a jamais parlé de Dieu et je me souviens qu’il a voté Oui en 1980. Pour ce qui est de ma mère, elle est pas mal croyante (sans être pratiquante — enfin, plus maintenant), assez à cheval sur ses principes et, pour l’avoir entendu souvent le dire, elle est une canadienne-française…

Mes parents ont divorcé alors que j’étais pas loin d’aller à la maternelle, et c’est majoritairement ma mère qui m’a élevé. Je repense au fait qu’elle m’a laissé le choix de prendre le cours de morale au lieu du cours de religion et que si (et bien si) elle a été influencée par les élites gauchistes pour me laisser cette liberté, c’est vraiment une très bonne chose. (Petit fait cocasse me concernant : j’ai déjà été servant de messe — pas très longtemps à ce que je me souvienne.)

Sinon, oui, une bonne partie de mon éducation est due à beaucoup de temps passé à l’école, comme tout le monde. Je regarde tout ça après-coup et, même si les méchants gauchistes ont bien sûr inoculé les écoles de leurs valeurs, je suis bien content de me rappeler que le seul noir de l’école (qui était efféminé en plus, tout pour aider!) ne semblait pas trop mal s’y plaire, à la fin des années 80, dans une polyvalente banlieusarde au nord de Montréal.

Pour ce qui est du rejet du sexisme, c’est sûrement surtout mon père qui m’a le plus influencé tout croche… Je l’ai toujours vu très respectueux des femmes et je ne l’ai jamais entendu dénigrer le féminisme, contrairement à beaucoup d’autres hommes de sa génération (entre autres le nouveau mari de ma mère… — celui-là, je le connais depuis l’âge de 10 ans, je l’ai assurément plus côtoyé que mon propre père, et pourtant…).

Quant à la famille traditionnelle (bon papa pas très présent, maman à la maison, plein de marmots, tous les dimanches à l’église : c’est bien ça la famille traditionnelle?), cela me semble soit une utopie dans le monde d’aujourd’hui, soit un luxe que peuvent s’accorder peu de gens, à moins d’accepter de vivre dans une misère acceptable… ou de ne vraiment pas accrocher à l’hameçon de la société de consommation. Et on nous serine qu’il faut plus de gens pour remplir des postes un peu partout en entreprises et on voudrait retourner toutes les femmes à la maison, c’est complètement absurde!

Je veux bien croire qu’on mette en contradiction les valeurs d’antan avec celles d’aujourd’hui, mais nul doute qu’anciennement ces valeurs étaient dictées par l’Église. Et ce qui est aussi certain, c’est que l’État n’a jamais eu ici autant d’emprise sur les gens que l’Église. À ce que je sache, le Québec n’a jamais été sous l’emprise d’un gouvernement communiste à la soviétique! En vérité, les gens n’avaient pas bien bien le choix d’adhérer aux valeurs conservatrices, il fallait se cacher pour vivre autrement.

Pour toutes ces raisons, je crois que le discours de Mathieu Bock-Côté sur la question de l’évolution des valeurs québécoises prend sa source d’une certaine paranoïa. Paranoïa qu’il partage d’ailleurs avec plusieurs, pour ne pas dire beaucoup de ses compatriotes. Et ce discours sert tout autant à défendre le conservatisme que les valeurs de la droite économique, que les réactionnaires de tous poils. Ça tente d’annihiler complètement la possibilité que les Québécois soient librement plus progressistes que conservateurs.

Pour eux, le Québec actuel est une fiction. Et c’est plus pratique pour le détruire. Comme il est plus simple de tuer un ennemi dans un jeu de tir à la première personne.

(Photo : clarkzip)


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